En 2000, c’est l’aboutissement de travaux menés à l’ICMCB depuis des années : les pigments à changement de couleur sont enfin maîtrisés à l’échelle du laboratoire. En 2005, Jean-François Létard et son équipe déposent un premier brevet international. Puis, en 2013, Jean-François Létard suit le programme HEC Challenge+ afin de se former aux pratiques de management et de l’entreprenariat. En 2014, il décide de mettre sa carrière de chercheur entre parenthèses pour créer OliKrom, à Pessac, dans l’agglomération bordelaise. « On imagine le chercheur plutôt penché sur sa paillasse qu’en chef d’entreprise. Mais un chercheur a plusieurs casquettes : il doit gérer l’inconnu, l’incertitude. Tout comme un chef d’entreprise, il doit générer de la motivation, donner une direction, une vision, une impulsion. » Et c’est une direction prometteuse. Après une première levée de fonds de 300 000 euros en décembre 2014, Jean-François Létard effectue une deuxième levée de 4,5 millions d’euros auprès de Starquest Capital et BPI France avec l’appui du conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine en décembre 2017. Aujourd’hui, OliKrom compte une équipe de 14 personnes (docteurs, ingénieurs…) et vient de franchir une nouvelle étape avec l’acquisition d’un site industriel de plus de 1 600 m2 dédié à son centre administratif, à son bureau de recherche et développement et à sa propre unité de production.
En effet, de la paillasse à l’industrie, pour OliKrom tout est allé très vite. L’entreprise collabore avec Airbus depuis près de six ans à travers Chococomp, un consortium qui regroupe des laboratoires (LCMCP, ICMCB, Institut P’, ENSMA-P’). « Notre mission, détaille Jean-François Létard, est de développer des revêtements sensibles à des stimuli extérieurs. Par exemple, lors du transport et de l’assemblage des différentes parties d’un avion, des chocs peuvent se produire. Des chocs qui peuvent être sous la surface ou à peine visibles : leur détection nécessite des inspections non négligeables. Nous avons donc développé des pigments capables de repérer ces impacts sur les matériaux composites : la couleur de la peinture change sous l’effet d’une variation de pression ou concomitamment à un choc. Cela permet également de quantifier de façon précise les dommages subis. »